Un petit résumé d’une douce après-midi d’été… par Françoise Rouers

Vendredi 11 septembre 2009

Juste à l’entrée, se trouve le hall 1. Il a une place de choix et, c’est sur lui que le Conseil général a jeté son dévolu pour nous présenter le projet qui est devenu le nombril de notre département !

Au centre de ce hall, attirant tous les regards, le stand du Conseil général, habillé de rose et de gris, de la haute couture; jouxtant le stand des pompiers, il heurte quelque peu le regard : le comble du futile côtoyant les hommes qui ont charge de préserver nos vies.

Fi donc ! car cet écrin abrite un trésor sur lequel reposent tous les espoirs du Conseil général. Un cœur qui n’attend que l’approbation des plus hautes instances politiques pour commencer à battre et redonner vie à nos Yvelines endormies. Mais quel est ce cœur ? Le fa-meux cir-cuit, car plus rien d’autre ne compte dans notre beau département.

Sur le stand, rien qui nous rappelât que le château de Versailles, que nous imaginions être un haut lieu du tourisme, assurait depuis des décennies notre rayonnement à l’international. Pas de forêt de Rambouillet, d’espaces boisés, de terres agricoles. Passées aux oubliettes l’Aérospatiale et autres industries de pointe.

Plus rien qu’un long ruban s’étirant nonchalamment le long de la Seine, comme tombé du ciel.
Noyé dans un écrin d’un vert synthétique, on oublierait presque que ce ruban est de bitume. Mais à y regarder de plus près, on l’imaginerait plutôt comme fond d’écran d’un jeu vidéo.

Bien sûr, pas un mot sur la nappe phréatique, puisqu’elle sera protégée. Pas une allusion aux terres agricoles au détriment desquelles, le circuit sera construit. Quant aux maraîchers, sait-on seulement qu’ils tentent d’exploiter des parcelles ?
Pour les ignorants qui n’auraient pas réalisé que le circuit est le nouveau cœur que notre département attendait depuis longtemps, de vastes panneaux lumineux reprennent les arguments développés par le Conseil général dans les plaquettes distribuées dans le cadre de la prétendue concertation.
Ainsi on découvre qu’avec un budget de 107M€ (sur les 346 M€ du plan de relance départemental pour l’automobile), consacré par le département au seul pôle technologique, on parvient à financer de nombreux projets dont le circuit de F1 est la “pièce maîtresse”. Sachant que le coût de construction annoncé pour le seul circuit, était “officiellement” de 112M€, on comprend aisément les inquiétudes du président du Conseil général quant à la gestion du Département pour les années à venir et on réalise qu’effectivement il va falloir faire des choix ! Plan de relance ou circuit ? La totalité de la somme prévue pour le plan de relance risque de ne pas être suffisante pour faire face au véritable coût du circuit et des infrastructures nécessaires. Cruel dilemme.

Qu’à cela ne tienne, ceux qui ont l’âme “rurale” assouviront leurs rêves car, de friches industrielles, on fera naître des rangs de légumes bio sans nulle trace de mauvaises herbes. Les paniers de légumes bio fleuriront aux pieds des pistes avec pour seul engrais le gaz carbonique et peut-être, pour seuls herbicides les effluents du circuit.

Et pour les derniers réticents, qui n’auraient pas encore été convaincus par un tableau aussi idyllique des “Yvelines pauvres” de demain, un grand écran télévisé charme les traumatisés des bouchons de la route en présentant la situation avant et après l’intervention bienveillante du Conseil général. Mais là, à mon grand damne, les cris des petits Yvelinois, enfants des établissements scolaires et futurs contribuables qui combleront les déficits et rembourseront les emprunts trentenaires contractés par le Département pour financer ce projet pharaonique, m’ont privée d’explications capitales.

Les hôtesses qui animent le stand, distillent des phrases stéréotypées et maintiennent le visiteur trop curieux dans la douce ignorance. Elles ne sont là que pour distribuer les quelques plaquettes éditées par le Conseil général mais, à force de persévérance, j’ai appris que :
s’il n’y a pas d’autre documentation : “c’est que le projet de circuit n’est qu’un projet et il est évolutif”.

Bien que soudainement plus confiants dans l’avenir grâce aux promesses du Conseil général, nous avions décidé d’installer notre banderole à l’extérieur du parc des expositions et de distribuer nos tracts. Un sursaut de lucidité nous avait fait réaliser que ce beau projet aussi verdoyant qu’il paraissait, n’était peut-être pas si HQE qu’on aurait voulu nous le faire croire.

Notre présence dut rapidement déplaire, puisque, quelques minutes après notre installation, plusieurs membres de la sécurité sont venus nous prier de replier notre banderole. La diplomatie n’étant vraisemblablement par leur fort, ils ont rapidement perdu leur contrôle, ont commencé à vouloir nous arracher la banderole. L’un d’eux m’a arraché les tracts des mains en me disant “comme ça ils sont distribués” et, ce n’est qu’après que je les ai menacés de porter plainte pour vol devant un gendarme, qu’ils ont accepté de me les restituer.
L’organisateur de la foire est intervenu en déclarant qu’il avait loué tout cet espace et que notre présence était indésirable.

Nous avons donc décidé de continuer notre tractage plus loin, où nous avons reçu, outre un meilleur accueil, la visite des polices nationale et municipale qui souhaitaient glaner des informations sur nos futures actions….